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Pesticides : l’Union des paysans se met hors-jeu

L’initiative sur l’eau potable n’est pas un « auto-goal », comme l’affirme l’Union suisse des paysans. Bien au contraire : la faîtière des agriculteurs se met « hors-jeu » lorsqu’elle avance la menace d’une interdiction totale des pesticides en omettant délibérément la marge de manœuvre possible lors de la mise en œuvre de l’initiative. La Fédération Suisse de Pêche (FSP) riposte.

Pesticides : l’Union des paysans se met hors-jeu

Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui à Limpach, l’Union suisse des paysans a essayé de démontrer l’effet selon elle désastreux (limitation des paiements directs) qu’aurait sur l’agriculture l’initiative en cours sur l’eau potable. Selon l’interprétation des milieux agricoles, l’initiative sur l’eau potable prévoit l’interdiction de tous les pesticides, même pour l’agriculture bio.
La Fédération Suisse de Pêche (FSP)  relativise l’étude de l’Union des paysans sur deux points essentiels : la représentativité des exploitations étudiées et son interprétation.

Critique No 1 : étude non représentative

En premier lieu, les auteurs de l’étude mandatés par la faîtière paysanne disent eux-mêmes que les exploitations choisies ne sont pas représentatives de l’agriculture suisse. Il est aussi dit, mot pour mot, dans l’étude de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de Berne que : « Ces résultats ne peuvent en aucun cas être généralisés. Une conclusion définitive sur les effets n’est que purement quantitative et n’est pas recevable scientifiquement. »

Critique No 2 : Marge de manœuvre oubliée

La deuxième critique des pêcheurs et des professionnels de la protection des eaux est bien plus importante et concerne l’interprétation du texte de l’initiative. L’Union des paysans peint le diable sur la muraille lorsqu’elle affirme délibérément et obstinément que le texte de l’initiative parle à la lettre d’une interdiction totale des pesticides. La faîtière des agriculteurs omet ainsi volontairement de faire la différence entre la Constitution et la législation. Dans la Constitution (pour tous les thèmes) ce sont les principes qui sont fixés alors que la mise en œuvre se fait au niveau législatif, et pour ce faire, une interprétation minutieuse du texte est nécessaire et selon des méthodes définies légalement.

Un avis de droit commandé par la FSP et la VSA et rendu public aujourd’hui démontre comment y parvenir. Selon cet avis, la mise en œuvre de l’initiative offre une marge de manœuvre considérable au législateur. Les effets négatifs de l’initiative sur l’agriculture suisse et la sécurité alimentaire doivent être évalués sur la base de cette interprétation. La FSP et la VSA offrent leur collaboration à une table ronde de négociations afin d’élaborer une interprétation raisonnable du texte de l’initiative avec tous les partenaires concernés.

D’abord la PA 22+, ensuite les initiatives

Plus fondamentalement, la Fédération Suisse de Pêche FSP et la VSA considèrent l’agenda politique actuel comme « contraire aux intérêts de la population ». Les attentes de la population suisse et de la majorité des partis politiques sont grandes et manifestement en faveur d’une diminution massive de l’apport de pesticides dans la production de denrées alimentaires. Afin que quelque chose se passe vraiment sur ce thème, il faudrait d’abord se préoccuper de la politique agricole PA22+, et ensuite, si encore nécessaire, aborder deux initiatives déposées (eau potable et contre les pesticides de synthèse).

Autrement le danger est grand, qu’à cause de l’agenda actuel, les deux initiatives soient refusées et que le Parlement n’aborde finalement pas la PA22+, et l’apport de pesticides pourrait ainsi se poursuivre dans nos eaux et dans la production de denrées alimentaires.

Un contreprojet serait pertinent

Contrairement à l’Union suisse des paysans, la Fédération Suisse de Pêche (FSP) et la VSA ne s'entêtent pas. Les deux organisations sont comme toujours convaincues qu’un contreprojet à l’initiative pour l’eau potable serait politiquement et objectivement pertinent. Ainsi, des imperfections de l’initiative pourraient être corrigées. Avec un contreprojet – direct ou indirect – la Fédération des pêcheurs a fait de bonnes expériences depuis des années. Et encore récemment au sujet de la protection des eaux.

Lien vers l’avis de droit de la FSP/VSA (PDF en allemand)

Lien vers l’étude de l’HAFL pour l’USP (PDF en allemand)

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