Communiqué de presse du 05.12.2018
Le démontage de l’ancien barrage du Theusseret (JU) pour rétablir la circulation des poissons prend un retard inacceptable. Pire, un projet de microcentrale contraire aux décisions a même vu le jour. Les ONG suisses et françaises ont envoyé la semaine dernière un courrier aux autorités françaises leur demandant d'accélérer les procédures pour rétablir la libre migration des poissons. Elles demandent également à l’État français de rejeter le projet de réhabilitation en microcentrale de l’aménagement existant.
Les ONG environnementales suisses (WWF, Pro Natura, FSP) et françaises[1] impliquées dans la protection du Doubs franco-suisse dénoncent le retard sur le projet de suppression du seuil du Theusseret, pourtant également fortement soutenu par des acteurs de terrain et la population. Ce seuil est situé entièrement en France et fait de l'État français le décideur majeur de ce dossier. La semaine dernière, elles lui ont adressé un courrier. L'État français se doit d'honorer ses engagements et ses obligations dans un dossier validé techniquement et où des dizaines de milliers d'euros de fonds publics validant l'arasement ont déjà été engagés. Il dépend de sa volonté que la meilleure solution pour rétablir la continuité écologique, c'est-à-dire la suppression du seuil, soit appliquée dans les délais les plus brefs possible.
De plus, malgré la suppression en 2015 de tout droit d'eau sur l’ouvrage du Theusseret, une demande d’autorisation pour un projet de microcentrale a été déposée auprès des autorités françaises. L'examen d'un projet de microcentrale sur ce seuil, qui est totalement contraire aux décisions de la gouvernance internationale, retarde grandement le projet de rétablissement de la continuité piscicole tant nécessaire. En outre, l’impact paysager de ce projet est considérable : le projet de microcentrale, prévoit de rebétonner l’ouvrage existant et de le rehausser d'un barrage gonflable. À relever également que l'intérêt énergétique de ces petits ouvrages est le plus souvent nul ou au mieux très faible et encore minoré par les sècheresses et étiages récurrents. Les ONG demandent également de rejeter le projet de microcentrale.
Pour les secteurs frontières du Doubs, un groupe de travail binational travaille depuis plusieurs années au sein d’une structure de gouvernance internationale. Celui-ci a mandaté des études qui démontrent que la meilleure solution pour rétablir la libre circulation des poissons est d’araser les seuils, dont l'usage a été abandonné. Au Theusseret, les études techniques récentes de génie civil et d'analyse des sédiments ont clairement démontré la faisabilité d’arasement de l’ancien seuil. D’un point de vue environnemental, la solution d’arasement rétablit non seulement la continuité écologique (notamment pour la protection de l'apron, espèce emblématique du Doubs en voie de disparition), mais également la naturalité du site. Elle contribue à diminuer la température des eaux et la prolifération des algues nocives pour la vie aquatique. Le réchauffement climatique accentue la nécessité de lutter contre la stagnation des eaux liée aux barrages!
Les obstacles présents sur les rivières provoquent des perturbations et des impacts néfastes pour les poissons comme pour les sédiments. Depuis quelques années, les États suisse et français ont l’obligation réglementaire de rétablir la libre circulation des poissons et le charriage sur tous les cours d’eau.
Personne de contact:
Céline Barrelet, chargée de projet «Doubs vivant», celine.barrelet(at)skf-cscp.ch, tél. 076 318 93 65
[1] France Nature Environnement, Association Agrée de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques (APPMA), Fédération du Doubs pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l’environnement, du sous-sol et des chiroptères (CPEPESC), Collectif SOS-Loue et rivières comtoises (SOS-LRC), Association Nationale de Protection des Eaux et Rivières - Truite-Ombre-Saumon (ANPER-TOS)